POUR DES LENTILLES ET DU PQ, une BD pour les autoréductions et contre Carrefour

En janvier 2021, une cinquantaine de militant·es et précaires ont procédé à une action de réquisition alimentaire (autoréduction) dans un Carrefour market à Paris. Pour y avoir participé, deux personnes ont été condamnées à verser au groupe Carrefour plus de 38 000 euros. Elles ont décidé de faire appel et leur procès a eu lieu le 7 octobre 2024 à la cour d’appel de Paris. Le verdict sera rendu le 4 décembre 2024.

Réalisés juste avant le procès en appel, voici les deux épisodes d’un petit western en BD pour revenir sur cette histoire de solidarité et de répression...

Tout de suite l’épisode 2:

Contre Carrefour et pour les autoréductions: procès en appel lundi 7 octobre 2024

En janvier 2021, après presque un an de confinement, une cinquantaine de militant·es et précaires ont procédé à une action de réquisition alimentaire (autoréduction) dans un Carrefour market à Paris. Pour y avoir participé, deux personnes ont été condamnées à verser au groupe Carrefour plus de 38 000 euros. Elles ont décidé de faire appel et leur procès aura lieu le 7 octobre 2024 à la cour d’appel de Paris. Outre les dommages et intérêts exorbitants, cette affaire pourrait faire jurisprudence pour d’autres actions du même type. C’est donc aussi la défense de cette pratique militante qui est en jeu.

 

On a tou·te·s droit au meilleur, alors prenons-le !

En mars 2020, en pleine pandémie, alors que l’État abandonnait les plus précaires et que les associations caritatives avaient dû cesser toute activité, de nombreuses personnes partout en France se sont mobilisées autour de l’autodéfense alimentaire et sanitaire en distribuant repas et kits de protection (masques cousus à la main et fioles de gel hydroalcoolique), notamment au sein de « brigades de solidarité populaire ». Après avoir organisé durant des mois des récup’ au « marché d’intérêt national de Rungis », des collectes devant les supermarchés et des appels aux dons de particuliers, certaines personnes ont décidé de ne plus se contenter des miettes et des invendus de médiocre qualité et de pousser la grande distribution, qui profitait grassement de cette crise sanitaire, à contribuer à cette solidarité.

Le samedi 30 janvier 2021, au sortir du deuxième confinement et en plein couvre-feu, nous sommes donc une cinquantaine de personnes à avoir rempli des caddies de produits alimentaires et hygiéniques dans le Carrefour market de la rue Nationale dans le XIIIe arrondissement de Paris. Après avoir distribué des tracts tant aux salarié·e·s qu’aux client·e·s présent·e·s sur place, déployé deux banderoles, bloqué certaines caisses et expliqué au mégaphone les raisons de cette action publique, une négociation a été entamée avec la direction. Contacté au téléphone par le directeur du magasin, le siège de Carrefour a donné assez rapidement son accord pour que les marchandises nous soient concédées, à condition qu’il s’agisse de « produits de première nécessité ».

Cette expression, « produits de première nécessité », ne signifiait pas pour nous produits de mauvaise qualité. Il a donc fallu discuter avec le directeur sur le nombre d’articles choisis, argumenter pourquoi nous avions besoin de produits d’hygiène (tampons, serviettes…) et pas seulement de nourriture. Pourquoi nous voulions prendre du lait maternisé bio, pourquoi nous choisissions des couches pour bébés sans chlore plutôt que les moins chères… Au bout d’une heure, nous sommes partis avec l’accord de la direction de Carrefour, les sacs vérifiés par les agents de sécurité, et sous le regard de la police présente à la sortie du magasin. Les denrées récupérées ont ensuite été redistribuées grâce à des réseaux de solidarité tissés depuis le premier confinement avec des mères isolées, des étudiant·es, des travailleur·se·s sans papiers… De quoi prendre soin de soi, se nourrir, se protéger, se laver, sans se soucier du prix.

Quand la justice maximise les profits de la grande distribution

Juste après l’action, deux personnes ont été aléatoirement contrôlées, puis condamnées quelques mois plus tard pour vol en réunion sur la base d’un dossier monté uniquement à charge par Carrefour, qui est revenu sur son engagement à céder les marchandises sans poursuite judiciaire. Bizarrement, c’est la procureure qui a peut-être le mieux compris la portée politique de l’action en comparant les inculpé·es à des « Robins des Bois ». Elle a dit avoir hésité à trouver une qualification pénale, pour finalement réclamer un « avertissement », soit une peine de 2 000 euros avec sursis simple. Pendant ce temps, la juge – qui somnolait – a laissé tomber le verdict : un avertissement et 2 000 euros avec sursis du côté du pénal et côté civil plus de 38.000 euros en dommages et intérêts pour le groupe Carrefour.

Au-delà des incohérences juridiques, la condamnation des camarades pour une action de solidarité en pleine pandémie mondiale, avec la précarité et la détresse alimentaire de millions de personnes, isolées par les confinements successifs, et, en miroir, une augmentation vertigineuse des profits de la grande distribution profitant de la fermeture des marchés et des commerces de proximité, est l’indécence incarnée. Faut-il rappeler les 94 milliards d’euros de chiffre d’affaires l’année dernière du géant de la grande distribution ?

Car le groupe Carrefour est en effet un modèle d’entreprise qui sait profiter de toutes les crises. En 2019 et 2020, la multinationale, dont les magasins sont restés ouverts lors des confinements, a connu une hausse de son chiffre d’affaires sans précédent depuis vingt ans. Après la pandémie, les hypermarchés ont décidé de profiter de l’inflation pour se revitaliser. En novembre 2022, Alexandre Bompard, PDG de Carrefour, a présenté son plan stratégique pour les quatre prochaines années : miser sur le discount pour attirer des client·e·s de plus en plus pauvres, développer sa marque propre pour réduire les coûts et, bien sûr, supprimer des postes. Ce qui n’empêche pas l’enseigne française, bien au contraire, de communiquer à coup de labels et de fondations sur sa politique d’« engagement sociétal » et de « transition alimentaire solidaire ». Green et social washing à plein nez alors que l’inflation perdure en France et que nous peinons à nous nourrir, nous chauffer, nous loger, nous vêtir. Face à la vie toujours plus chère, nous refusons la criminalisation de l’autoréduction, qui est une pratique qui s’impose comme une réponse légitime face à des inégalités toujours plus criantes.

Parce que le groupe Carrefour a mis en danger la vie de ses salarié·e·s pendant la pandémie et qu’il s’engraisse sur leur dos, parce qu’il appauvrit les paysan·ne·s pour mieux s’enrichir, parce qu’il est complice des crimes de guerres de l’État d’Israël et qu’il contribue à la déforestation en Amazonie, parce qu’il y a mille et une raisons de détester Carrefour… Parce que nous continuerons à tisser des liens de résistance et à prôner une solidarité offensive dans nos modalités d’actions, nous appelons à multiplier les actions contre Carrefour et venir soutenir les camarades inculpé·e·s lors de leur procès en appel.

Relaxe pour les deux camarades inculpé·e·s !

Rendez-vous lundi 7 octobre à 13h30 à la cour d’appel de Paris (métro Cité) pour soutenir les deux camarades inculpé.es

 

Tract Procès 7 octobre mis en page à télécharger

 

 

24 MAI 2024 : Assemblée Générale des actionnaires du groupe Carrefour

L’Assemblée Générale des actionnaires du groupe Carrefour aura lieu le vendredi 24 mai 2024 à 10h au Dock Pullman à Aubervilliers.

Carrefour déteste tout le monde sauf ses actionnaires, tout le monde déteste Carrefour et ses actionnaires !

Carrefour déteste tout le monde sauf ses actionnaires !

Deux précaires condamné.es à payer 38.000€ à carrefour pour une action de solidarité

En janvier 2021, 60 personnes se réunissent dans un Carrefour et bloquent les caisses. Objectif : récupérer des produits de première nécessité pour distribuer à des précaires alors que le couvre-feu et les confinements successifs ont détruit les réseaux de solidarité habituels. Riz, lait, pâtes, conserves, couches et tampons hygiéniques sont mis dans des sacs et une négociation avec la direction du magasin et du groupe s’installe, résultat : « vous pouvez sortir, mais on vérifie les sacs un par un ». Joie de voir les bénéfices records du groupe légèrement redistribués aux plus précaires.
Un an après, surprise ! Carrefour revient sur sa parole et porte plainte contre deux personnes contrôlées ce jour-là. Un inventaire fantaisiste plus tard, et à la suite d’un premier procès à la juge soporifique, ces deux personnes sont condamnées à 38000 euros d’amende !

Encore du bénéfice sur le dos des précaires !

« Aujourd’hui c’est le grand jour !
Pour le pactole, mieux que l’euromillions,
il faut être actionnaire chez Carrefour,
champion olympique dans ce rayon ! »

C’est la crise sanitaire, peu importe ! Carrefour reste ouvert en négligeant la santé de ses employé·es et en économisant sur la prime Covid. Résultat un bénéfice en 2020 de 641 millions ! Champion olympique !

C’est la crise climatique, peu importe ! Merci les arbres millénaires et la forêt vierge ! Carrefour est dans le coup avec 4,5% de la déforestation de l’Amazonie. Résultat : un bénéfice de 1070 millions en 2021 en hausse de 40%. Champion olympique !

C’est la crise économique, peu importe ! La spéculation fait flamber les cours suite à l’invasion de l’Ukraine. On est obligé d’inventer un nouveau mot la « profitflation ». Résultat : un bénéfice de 1350 millions en 2022, en hausse de 26%. Champion olympique !

C’est la crise géo-politique, peu importe ! Un génocide est en cours à Gaza, la famine sévit. Pendant ce temps, Carrefour développe ses partenariats dans les territoires occupés illégalement en Cisjordanie et nous vend les produits qui en sont issus. Résultat : un bénéfice de 1660 millions en 2023, en progression de 23,1%. Champion olympique !

Quel nouveau projet cette année ? Après une belle participation à la gentrification et au nettoyage social en tant que partenaire premium des JO, comment va s’illustrer le champion multinational ? Ses bénéfices battront-ils un nouveau record s’il recouvre la somme de 38.000€ qu’il réclame à deux précaires ?

Notre demande est simple : Carrefour, retire ta plainte

https://carrefourretiretaplainte.noblogs.org

 

 

tract à télécharger en pdf

BILAN DE LA DEUXIÈME SEMAINE D’ACTION

Pour cette deuxième semaine d’action du 28 novembre au 4 décembre 2022, nous voulions gagner en intensité et sortir de Paris et sa périphérie. Une franche réussite, grâce à nos camarades partout en France : dans plusieurs villes de Seine-Saint-Denis bien sûr mais aussi dans la campagne ariégeoise, dans le Morbihan et la Drôme, à Nantes, Dijon, Grenoble, Toulouse, Marseille, Strasbourg, Villeurbanne, Vénissieux et même à Istanbul !

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Appel à une deuxième semaine d’action

RENDEZ-VOUS PUBLICS A MONTREUIL (93) pour des tractages festifs :

– Lundi 28 novembre à 18h: devant le Carrefour de Porte de Montreuil, sur le parvis côté rue de Paris

-Mercredi 30 novembre à 18h: devant le Carrefour de Porte de Montreuil, sur le parvis côté rue de Paris

ET SAMEDI 3 DÉCEMBRE, REJOIGNONS LE 20e RASSEMBLEMENT ANNUEL DES CHÔMAIRES ET PRÉCAIRES : à partir de 13h30 à Saint-Denis, place du Caquet, en face du Carrefour, métro Basilique Saint-Denis (L13 ou T1) pour un rassemblement chaleureux et convivial.

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POUR LES AUTORÉDUCTIONS ET CONTRE CARREFOUR SEMAINE D’ACTION, ACTE 2, DU 28 NOVEMBRE AU 4 DÉCEMBRE

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En janvier 2021, après presqu’un an de confinement, 60 militant·es et précaires, certain·es impliqué·es dans des collectifs de solidarité, ont procédé à une autoréduction au Carrefour Market de la rue Nationale à Paris. L’objectif était de s’approprier des biens de première nécessité pour des cantines et distributions solidaires. Des caddies ont été remplis de produits alimentaires et hygiéniques, les caisses ont été bloquées, des tracts distribués et des banderoles déployées. Une heure plus tard, la direction et le siège de Carrefour ont accepté de laisser sortir les marchandises. Deux personnes ont été contrôlées à la sortie, puis poursuivies par Carrefour malgré son engagement à ne pas porter plainte. Pour avoir participé à cette autoréduction, ces deux camarades ont été condamné·es à verser au groupe Carrefour plus de 38 000 euros. Iels ont décidé de faire appel. On ne paiera pas ! Continuer la lecture

POUR LES AUTORÉDUCTIONS ET CONTRE CARREFOUR SEMAINE D’ACTION, ACTE 1, DU 21 AU 27 MARS

En octobre 2021, deux personnes ont été condamnées à verser au groupe Carrefour plus de 38 000 euros d’amende pour avoir participé avec soixante autres personnes à une autoréduction au Carrefour Market de la rue Nationale à Paris. Les condamné·es et leurs soutiens ont décidé de faire appel de cette décision de justice qui maximise encore les profits de Carrefour.
La grande distribution fait les poches des précaires avec la complicité de la justice !
Mais on ne paiera pas !

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LA JUSTICE MAXIMISE LES PROFITS DE CARREFOUR ! COMMUNIQUÉ SUITE AU DÉLIBÉRÉ DU PROCÈS CONTRE UNE AUTORÉDUCTION

Suite au procès du 14 octobre concernant l’autoréduction du 30 janvier dans le Carrefour du 13e arr. à Paris, le délibéré est tombé : les camarades inculpé.es sont condamné.es (voir ci-dessous le détail) et la condamnation fait la part belle au géant de la grande distribution. Communiqué.

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